Du mieux pour le marché des résineux?

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RW/Fordaq
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Les indices en hausse de la construction commencent-ils enfin à se traduire sur le marché des sciages résineux ? Certains professionnels de la scierie seraient désormais enclins à le penser. Aux dernières ventes publiques organisées dans le Grand Est, une tendance générale semble en effet se dessiner dans ce sens, tendance caractérisée par une fermeté de la demande, par des prix en progression sur certains produits et par des commentaires plutôt positifs des scieurs sur l’activité du bâtiment.

Toutefois, les acheteurs distinguent deux segments de marché ne fonctionnant pas actuellement à la même vitesse. Celui des bois à canter donne de nets signes de reprise. Cela a été le cas à la vente de Gérardmer (Vosges), le 30 mars 2017 où, les produits inférieurs à 2 m3 en sapin-épicéa ont augmenté d’au moins 6% sur les 6 derniers mois (source ONF). Dans le Jura, le 13 avril 2017, une hausse annuelle de 1,5% à 3,5% était enregistrée sur les sapins-épicéas de 1 m 3 et 1,5 m3.

Dans le secteur des petits bois d’industrie, « le marché est satisfaisant », juge Hervé Peseux, exploitant forestier spécialiste de ces assortiments et opérant sur le quart nord-est. Les résultats de la vente du Jura confirment son observation puisqu’à peine 5% des volumes présentés en séance n’ont pas trouvé preneurs contre le double à la même vente d’avril 2016.

De son côté, Laurent Tautou, le responsable de la commercialisation des bois à l’ONF de Franche-Comté, annonce une légère appréciation tarifaire en rythme annuel. « Pour les petits bois et sur un an, nous constatons une hausse moyenne de 5% se traduisant par 2 euros de mieux par m3. »

Sur le segment de marché des rondins destinés au sciage, les scieurs enregistrent effectivement un réel regain d’activité dans la charpente industrielle. Pour trouver les raisons à ce phénomène, il faut d’abord se tourner vers l’extérieur de nos frontières. « Depuis quelques temps, nous constatons que les exportateurs allemands sont moins présents sur l’Hexagone car ils se concentrent sur d’autres destinations. » Responsable de la scierie éponyme, Fabrice Chauvin explique que cela libère de la place aux scieurs français « Par ailleurs, poursuit le jurassien, nous assistons actuellement à une reprise de la construction dans le neuf qui s’exprime par une demande accrue en fermette et en produits techniques. »

En revanche, la situation diffère dans la charpente traditionnelle qui semble éprouver quelques difficultés à redémarrer franchement. Cependant, beaucoup de petits et moyens scieurs agissant dans ce créneau observent que leurs clients charpentiers viennent de bénéficier de deux mois consécutifs profitables aux mises en chantiers. De fait, les cours des grosses grumes à charpente apparaissent relativement stables avec, dans certains cas, un léger tassement de prix.

Pour l’ONF et dans le massif du Jura, la demande en gros bois demeure toutefois satisfaisante, le niveau d’invendus étant inchangé sur 6 mois (24% des volumes offert à la vente). Nos calculs sur l’évolution des tarifs du sapin dans le Jura depuis 6 mois montrent que les grumes de 1 m3 cèdent 3% à 48 euros/m3 sur pied (voir tableau ci-dessous). Dans le même temps, les prix des pièces de 4 m3 progressent de 3% à 57 euros/m3, tandis que ceux des sapins de 2 m3 demeurent fermes à 53 euros/m3.

Ces indications doivent cependant être pondérées par la différence de la qualité des bois mis en marché, l’offre du printemps étant généralement moins bonne que celle de l’automne. Pour les cours de l’épicéa, une surcote d’au moins 15% s’applique par rapport aux prix du sapin (voir tableau ci-dessous).

L’activité des petits bois touche également la région Paca, en particulier sur le débouché de l’énergie. « Le marché est tendu, nous ne trouvons pas suffisamment de matière, les prix s’en ressentent. » Exploitant forestier local, Hélian Pirola déplore que l’ONF et les coopératives exploitent désormais en régie bord de route ce qui concurrence les marchands de bois. Et le manque de matière risque de s’accentuer prochainement car les deux mégas centrales biomasse -Uniper dans les Bouches-du-Rhône et Silviana dans le Var- sont désormais opérationnelles. Un appel de bois cumulé de 1,1 million de tonnes par an est attendu en Paca et régions limitrophes.

                                        ÉVOLUTION DES PRIX DU SAPIN DANS L’EST

                                                            En euros/m3 sous écorce

                                                            Bois sur pied et en bloc

                                             Ventes publiques ONF de Franche-Comté

 

10/2015

04/2016

11/2016

04/2017

 Évolution en %     

          sur 1 an  sur 5 mois
1 m3 53,25 47 50 48,20 +2,5 -3,6
1,5 m3 56 50 51,5 50,75 +1,5 -1,5
2 m3 58     52,5 52,5 52,5 - -
2,5 m3 59,25  54 53,3 53,8 -0,4 +1
3 m3 60,5   55,5 54 54,9 -1,1 +1,7
3,5 m3 61,4    56,5 54,5 55,9  -1,1 +2,6
4 m3 62,40 57,75 55 56,75 -1,7% +3,2
Rq : -les prix doivent être comparés sur un an à cahiers de qualité égale

                                       PRIX MOYENS DES ÉPICÉAS DANS LE MASSIF DU JURA

                                     En euros/m3 sous écorce, bois vendus sur pied et en bloc

                                                     Ventes publiques ONF avril 2017
1 m3 63
1,5 m3 64,5
2 m3 66
2,5 m3 67,5
3 m3 69
3,5 m3 71

Source : Robert Wood

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